Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Au Cachemire pakistanais, on prépare les bunkers au cas où
information fournie par AFP 29/04/2025 à 10:07

Des habitants nettoient et préparent un bunker souterrain près de leurs maisons dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Des habitants nettoient et préparent un bunker souterrain près de leurs maisons dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

A Chakothi, près de la Ligne de contrôle (LoC) qui coupe le Cachemire en deux, des hommes émergent d'un escalier souterrain: dans ce village pakistanais déjà pris sous les tirs croisés, on nettoie les bunkers, au cas où Inde et Pakistan relanceraient les hostilités.

A 51 ans, Riaz Awan a connu son lot d'obus de mortiers et de balles s'écrasant dans son village à trois kilomètres de la frontière de facto entre les deux puissances nucléaires, qui se sont déjà livré plusieurs guerres et se menacent mutuellement d'un nouveau conflit.

"Ce furent des expériences douloureuses donc on ne veut pas que nos enfants vivent la même chose", dit à l'AFP cet habitant du Cachemire pakistanais, une semaine après une attaque meurtrière de l'autre côté de la LoC qui a entraîné les deux voisins dans une spirale de sanctions diplomatiques et de menaces guerrières.

En 2017, après une énième flambée de violences, il a construit avec son cousin et voisin Chabbir Awan un bunker de fortune dans son village d'où l'on peut apercevoir au loin, au sommet des crêtes boisées, des postes de l'armée indienne.

Des habitants nettoient et préparent un bunker souterrain dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Des habitants nettoient et préparent un bunker souterrain dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Le million et demi de Cachemiris vivant le long de la LoC côté pakistanais compte depuis longtemps sur un réseau de bunkers et d'abris de fortune pour se mettre à couvert dans les moments de forte tension.

Les vallées et crêtes alentour abritent des milliers de soldats lourdement armés. A certains endroits, seules quelques dizaines de mètres séparent les postes avancés des deux armées.

- "Tous les jours, des menaces" -

Pour leur bunker, les cousins Awan ont dû débourser de leur poche 300.000 roupies, environ un millier d'euros, une petite fortune dans le village qui survit avec une maigre agriculture vivrière depuis que le commerce transfrontalier s'est tari il y a quelques années.

Des habitants nettoient et préparent un bunker souterrain près de leurs maisons dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Des habitants nettoient et préparent un bunker souterrain près de leurs maisons dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Depuis qu'ils l'ont construit, leur abri aux murs de béton grossier d'un peu plus de 13 mètres carrés, creusé à moins de deux mètres et demi sous terre, a surtout servi de lieu de stockage pour le foin des bêtes --une maigre source de revenu, en plus des quelques potagers du village.

Mais aujourd'hui, les deux hommes s'activent à y dégager de l'espace, montant et descendant les quelques marches cachées derrière une porte de tôle, au milieu d'un jardin. Au cas où il leur faudrait y descendre à la hâte avec les 20 membres de leurs familles.

Depuis une semaine, New Delhi et Islamabad multiplient menaces et sanctions diplomatiques et leurs ressortissants sont désormais persona non grata sur le territoire du voisin.

Le long de la LoC, l'armée indienne rapporte chaque nuit des échanges de tirs à l'arme légère -- le Pakistan refuse de commenter, tandis que des habitants du Cachemire pakistanais disent en avoir été témoins à deux reprises.

Des magasins fermés dans village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Des magasins fermés dans village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

De l'autre côté, dans la région à majorité musulmane sous contrôle indien, les autorités multiplient arrestations, interrogatoires et destructions de maisons liées aux suspects de l'attaque et à leurs complices.

"Tous les jours, l'Inde multiplie les menaces: ils disent qu'ils vont faire ceci ou cela", lance Chabbir Awan, le cousin de Riaz Awan.

Pour ce militaire à la retraite de 52 ans, mieux vaut donc prendre les devants, "comme ça on pourra se mettre à l'abri si besoin".

- Enfants paniqués -

En tout, à Chakothi, on compte une trentaine de bunkers pour deux fois plus de familles. Si certaines ont pu couler du béton pour construire leur abri, d'autres se contentent de murs de terre séchée, faute de moyens.

Une famille installe des tapis à l'intérieur d'un bunker souterrain dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Une famille installe des tapis à l'intérieur d'un bunker souterrain dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Salima Bibi, 40 ans, se rappelle qu'en 2017, "il y a eu des tirs au-dessus des maisons".

Si cela reprend, elle descendra avec ses quatre enfants dans l'un de ces bunkers au sol recouvert de nattes parce qu'"il n'y a aucun abri ou des endroits où se protéger" construits par l'Etat pour les civils le long de la LoC qui sépare sur 740 km l'Azad Cachemire pakistanais du Jammu-et-Cachemire contrôlé par l'Inde.

Nassima Bibi, elle, a réussi à négocier une place avec ses quatre enfants dans un bunker qu'elle devra partager avec sept autres familles, dit-elle.

"Ce sera difficile de tenir dans un seul bunker", reconnaît cette Pakistanaise de 46 ans, espérant rester peu de temps dans cet espace exigu où stocker des vivres signifierait refuser des personnes.

Une famille sort d'un bunker souterrain dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Une famille sort d'un bunker souterrain dans le village de Chakothi, au Cachemire sous administration pakistanaise, près de la ligne de contrôle (LoC), le 27 avril 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )

Mais il faut absolument, poursuit-elle, mettre les enfants à l'abri s'il y a des tirs. "Ils vont paniquer, je m'inquiète pour eux", dit-elle.

Quant à sa vache et ses deux buffles, ses biens les plus précieux, elle sait déjà qu'ils seront exposés.

"Eux, on ne peut les mettre à l'abri nulle part".

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Pour la deuxième journée consécutive, le quotidien régional La Provence n'a pas été imprimé lundi en raison d'une grève reconductible votée samedi à l'appel de la Filpac-CGT, après l'annonce d'un plan de sauvegarde de l'emploi qui "menace directement des dizaines d'emplois" ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
    information fournie par AFP 05.05.2025 20:57 

    Pour la deuxième journée consécutive, le quotidien régional La Provence n'a pas été imprimé lundi en raison d'une grève reconductible votée samedi à l'appel de la Filpac-CGT, après l'annonce d'un plan de sauvegarde de l'emploi qui "menace directement des dizaines ... Lire la suite

  • Des véhicules blindés de l'armée israélienne positionnés près de la frontière avec la bande de Gaza, le 4 mai 2025 ( AFP / Menahem KAHANA )
    information fournie par AFP 05.05.2025 20:53 

    Israël a annoncé lundi une nouvelle campagne militaire sur la bande de Gaza, qui prévoit la "conquête" du territoire palestinien et nécessitera, selon l'armée, le déplacement interne de "la plupart" de ses habitants. Cette extension des opérations militaires, approuvée ... Lire la suite

  • Meurtre d'Aboubakar Cissé : un hommage rendu à la Grande Mosquée de Paris
    information fournie par AFP Video 05.05.2025 20:24 

    Un hommage a été rendu à la Grande Mosquée de Paris à Aboubakar Cissé, le Malien de 22 ans assassiné dans la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard. Son corps sera rapatrié vers sa terre natale à une date ultérieure.

  • Le président Emmanuel Macron prononce un discours devant les francs-maçons de la Grande Loge de France, le 5 mai 2025 à Paris ( POOL / Sarah Meyssonnier )
    information fournie par AFP 05.05.2025 20:10 

    Emmanuel Macron a estimé lundi, une semaine avant l'arrivée devant l'hémicycle de l'Assemblée nationale du texte créant un "droit à l'aide à mourir", que le débat ne pouvait "être réduit" à pour ou contre la vie, mais devait poser la question du "moindre mal". ... Lire la suite